Peur de perdre ses collaborateurs : quand un cercle vicieux s’enclenche dans les cabinets d’expertise comptable…
Les cabinets craignent, à juste raison et plus que tout, de perdre leurs collaborateurs en ces temps de pénurie de RH et de hausse des salaires.
Si ce constat enfonce une porte ouverte, ce sont les conséquences directes et indirectes qui méritent d’être analysées.
Car cette posture craintive déclenche la survenance d’un cercle vicieux très dangereux pour un cabinet.
Conséquence n°1 : la gouvernance du cabinet change implicitement de mains
Oh bien sûr, pas officiellement… Non, mais de façon latente.
Ce sont les collaborateurs qui imposent de plus en plus les principales décisions du cabinet : organisation des dossiers, logiciels utilisés, modalités de travail (de plus en plus souvent en faveur du télétravail), évolution des rémunérations…
Les changements, pourtant nécessaires, sont remis à plus tard :
- dématérialisation
- migration des outils de production
- nouveaux outils
- nouvelles organisations
- stratégie future du cabinet…
Les dirigeants des cabinets, particulièrement les plus petits et les plus vulnérables, sont pris comme des lapins dans les phares d’une voiture : ils n’osent plus bouger !
Et un cabinet qui ne bouge plus perd du terrain en réalité : pour ne pas subir au présent, il obère sa capacité à évoluer dans le futur.
Un cercle vicieux s’enclenche…
Conséquence n°2 : les performances du cabinet stagnent ou baissent drastiquement
Depuis 5 ans, la productivité des cabinets baisse tendanciellement en déflatant les chiffres analysés.
Malgré l’énorme accumulation d’outils ! Et parce que c’est devenu un énorme problème de management…
Les postes de coûts principaux évoluant fortement à la hausse (masse salariale + coûts informatiques et télécoms), l’inflation allant plus vite que la hausse des honoraires, la rentabilité des cabinets se tend de plus en plus.
Il devient alors plus difficile d’investir ou d’embaucher, plus le temps d’inertie passe…
Pourtant, l’arrivée massive de la facture électronique va nécessiter du temps et des moyens pour faire migrer une grande partie des clients, souvent peu dématérialisés notamment dans les TPE.
Un choc culturel pour ces TPE qui ont d’autres chats à fouetter dans la conjoncture économique actuelle !
On voit d’ailleurs bien remonter les chiffres des défaillances d’entreprises durant le 3e trimestre 2022 et tout laisse penser que cela va s’amplifier…
Conséquence n°3 : 2023 pourrait bien ressembler à 2020, l’année Covid !
Pour d’autres raisons, beaucoup de cabinets, fragilisés et peu aguerris pour faire face, vont passer une année 2023 difficile pour le moins.
Car une organisation défaillante continuera à alimenter le turn-over des RH mais aussi l’insatisfaction des clients qui n’aiment pas les changements incessants de collaborateurs.
Les délais risquent bien à nouveau de s’envoler, et avec eux les temps passés « en mode pompier » pour sauver des situations explosives.
Cette analyse est-elle trop pessimiste ? Nous l’espérons mais nous craignons à la fois qu’elle ne soit tout simplement lucide !
Quelles solutions pour traiter à la racine ces phénomènes ?
Nous en voyons 5 principales :
- les dirigeants de cabinet doivent conserver la maîtrise – contre vents et marée – de leur management des RH avec courage et détermination ;
- ils doivent également mettre leur cabinet en configuration productive « offensive » pour passer plus vite la PF 2023 et gérer le chantier de la facture électronique ;
- ils doivent envisager que la FE, ce n’est pas seulement un problème technologique mais également et surtout de gestion du changement, autant pour les collaborateurs que pour les clients ;
- il faut s’attendre à une érosion de clients qui sera précédée d’un regain de demande d’assistance pour les plus fragiles : la perte de CA sera alors probablement déportée à n+1 (2024) ;
- une vision partagée et un plan d’action précis sont alors indispensables pour rassurer et fidéliser ses équipes face à la tempête qui arrive !